Julia est la créatrice de Iode Cyanotypes. Elle édite des cyanotypes à partir de végétaux, surtout des végétaux marins mais pas que !
Car Julia est tombée raide dingue face aux gravures de l'explorateur et humanitaire Fridtjof Nansen, et elle a donc décidé de leur offrir une reproduction unique en utilisant la technique du cyanotype.
De ces gravures cyanotypées je suis également devenue folle...
Julia répond à mes questions et présente son parcours et son travail.
Peux-tu te présenter ?
Je m’appelle Julia, j’ai 28 ans et je suis océanographe. Je suis passionnée par le monde marin. J’ai eu la chance de passer beaucoup de temps en mer, enfant, sur le bateau de mon grand père en Méditerranée et aux Antilles, ce qui a sans doute contribué à ma curiosité aquatique au sens large. Je réalise des cyanotypes à mes heures perdues, à partir de mes photos subaquatiques et de végétaux.
Qu'est-ce qui t'as poussé à faire des cyanotypes ?
C’est un peu par hasard que j’ai commencé à faire des cyanotypes, lorsque mon compagnon a voulu commander un kit de tirage de photographies argentiques. Il m’a alors fait cadeau de ces solutions et je n’ai plus décroché depuis.
Qu'aimes-tu dans les cyanotypes ?
Le cyanotype est vraiment un support atypique, chargé d’histoire puisqu'il date du milieu du 19ème siècle. Il était très utilisé par les naturalistes et botanistes, en particulier par la première femme considérée comme photographe : Anna Atkins. Son travail sur les algues a été une référence en biologie marine. C’est une méthode très accessible et ludique, qui demande peu de matériel et qui est donc relativement nomade, et peu polluante. De plus chaque tirage est unique car je n’utilise que la lumière du soleil, l’exposition est donc en partie contrôlée. Il existe plein d’astuces pour obtenir des couleurs et des rendus différents, en utilisant des tanins naturels. C’est à chaque fois une vraie expérience d’apprenti chimiste.
Comment définirais-tu ton travail ?
Je dirais que mon travail est plutôt intuitif. Il y a une grande part de hasard dans mon travail, en testant toujours différents supports, différents tanins… Je n’aime pas beaucoup respecter les règles théoriques et mes cyanotypes préférés sont souvent ceux qui n’étaient pas prévisibles. Mes sujets varient aussi en fonction de l’humeur, c’est assez éclectique.
Pourquoi l'univers marin et l'océan sont aussi présents dans ton travail ?
L’univers marin et l’océan sont une source première d’inspiration en raison de leur aspect mystique et étonnant. J’imagine que mon enfance et ma formation d’océanographie ne sont pas étrangères à mon travail. C’est une véritable source d’inspiration intarissable à mes yeux. Cela permet aussi de faire connaître au public des aspects peu connus de ce monde fragile qui doit être préservé.
Pourquoi as-tu choisi les gravures de Nansen ?
Le Cyanotype est surtout connu pour ses tirages de végétaux mais il y a en effet peu de gravures. Je suis tombée par hasard sur ces gravures de Nansen du tout début du 20ème siècle et j’ai été subjuguée par leur poésie. Cet explorateur polaire Norvégien doit faire rêver tous les océanographes, son histoire est plutôt très connue mais je ne connaissais pas le côté artistique de l’homme et j’ai vraiment été surprise. Il symbolise pour moi le mythe du marin de son époque, en mélangeant son côté rationnel et onirique (les vues de sirènes). Quoi de mieux qu’une méthode d’époque pour un dessin d’époque?
As-tu des projets à venir ?
Je continue de créer des cyanotypes, cette fois beaucoup à partir d’algues. Je vais également prendre par au projet Sail 2 See (expédition à la voile de la Colombie Britannique jusqu’à la Bretagne ayant pour but de vulgariser la biologie marine et les écosystèmes marins, ainsi que les gens qui y vivent). Je vais réaliser des cyanotypes de l’expédition même si je ne pourrai pas me rendre à bord.