La poésie du vivant
LM les fleurs propose une nouvelle lecture de l’herbier à l’aune de la plus grande problématique actuelle : notre relation au vivant.
C’est dans l’atelier de Stéphanie, la créatrice de LM les fleurs, que je rencontre pour la 2ème fois ses herbiers si surprenants.
LM les fleurs, c’est le sens inné de la rencontre entre la fleur et le fond. Des compositions où nature et culture ne s’opposent plus mais se rejoignent.
Stéphanie, sa créatrice, nous partage son parcours : « Je suis originaire de Dordogne, venue à Paris pour travailler en communication pour les maisons de luxe. J’ai pendant très longtemps eu du mal avec cette trajectoire, avec ses origines « nature » et « paysanne » et mes goûts et intérêts (pour schématiser très « culture »), donc pour moi ces collages sont l’expression profonde de mon identité. »
Au démarrage, il s’agissait de citations à l’herbier traditionnel, des herbiers sur tissus.
Puis, de fil en aiguille, Stéphanie va peaufiner son écriture et donner naissance à sa vision du végétal, bien que la mécanique de construction de l’herbier reste la même : récolter un spécimen, le faire sécher, puis le coller.
Les herbiers LM les fleurs nous invitent à un dialogue entre la fleur, le brin d’herbe et la rêverie de sa créatrice. Ses amis imaginaires, comme elle aime les appeler, sont Pompéi, la sculpture, l’art moderne, les livres anciens... ils se retrouvent tous dans ses compositions. Les livres anciens occupent d’ailleurs une place prépondérante. En tant que chineuse invétérée, c’est un matériau familier qu’elle côtoie depuis ses 15 ans. Elle utilise leurs images, leurs textes, et leur offre une nouvelle lecture au sein d’une composition végétale où l’élément naturel donne le ton. Elle précise : « Je compose une Plante avec les éléments et attribue des différents végétaux. Certaine fois c’est assumé, et cela se voit, et d’autre fois ça accentue le réalisme et l’effet de nature, car comme vous le savez le Beau est toujours bizarre. »
Chaque herbier est unique, issu d’une démarche qui n’est pas reproductible. De l’herbier scientifique, elle garde la valorisation de la plante dans son entièreté : feuilles, tiges, et parfois les racines. C’est l’élément naturel qui dicte la composition. Le fond, issu de matériaux chinés, tout comme la plante qui est elle glanée, est unique.
Lorsque l’on observe l'harmonie entre les différents éléments de chaque composition, soit le fond issu d'un travail humain et de la plante, on note l’écho de celle-ci à notre relation au vivant, question cruciale de notre époque. Ce n’était pas le but premier, mais force est de constater que LM les fleurs propose une vision du vivant où celui-ci s’accorde avec la création humaine, cette harmonie où chacun trouve sa place. Ce monde que l’on souhaite voire naître où nature et culture ne s’opposeraient plus.
Les fleurs sauvages des herbiers LM les fleurs sont bien souvent ce qu’on appelle des mauvaises herbes. Elle les cueille dans les fossés, les bas-côtés de sa Dordogne natale, sur les bords de chemins, là où habituellement notre regard ne se pose pas. Pendant le confinement, elle cueillait les mauvaises herbes sur les trottoirs de Montreuil pendant l’heure de balade avec son chien. Car le vivant est partout, et il est beau.
Ses herbiers nous incitent à cultiver notre balcon, à accueillir la nature comme elle vient, à regarder chaque expression du vivant. Finalement, grâce à la lecture poétique de la créatrice, on ne classifie plus le végétal, on apprend à embrasser le vivant pour ce qu’il est : une expression de la vie.
Pour Stéphanie, « La poésie, ça se cultive et s’apprivoise. C’est exigeant d’être un lecteur de poésie, il faut se laisser aller et glisser avec les mots. C’est un parcours, un voyage intérieur. » Où le vivant nous accompagne et nous relie à notre humanité, elle aussi expression du vivant.